Bonjour et bienvenue dans Parole d'Histoire, un podcast consacré à l'actualité des livres, des débats et de la recherche histoire, je suis André Lower et comme chaque année je vous propose quelques conseils et coups de coeur de fin d'année. En deux-mille-vingt-quatre, est-ce que c'est la dissolution de l'élection de Trump ou encore une autre catastrophe Je ne sais pas, mais ça a été plus compliqué que toutes les années précédentes pour réunir les collègues et s'organiser pour des enregistrements de coups de coeur de fin d'année. Du coup, je vous propose tout de suite des conseils en histoire médiévale et si possible, on en aura d'autres en histoire antique, peut-être en histoire moderne. En tout cas, très bonnes fêtes, merci de votre écoute et rendez-vous à la prochaine émission. Pour parler de coup de coeur en histoire médiévale de l'année deux-mille-vingt-quatre, j'ai le grand plaisir d'être avec Florian Besson, bonjour. Bonjour. Alors Florian, on ne vous présente presque plus puisque vous animez le compte, le blog actuel moyen-âge très suivi et très très riche. Vous êtes évidemment docteur en histoire médiévale, spécialiste notamment de la féodalité en terre sainte des des États croisés et vous suivez évidemment de près l'actualité des parutions d'histoire médiévale et cette année, il y a eu de de beaux livres encore une fois, dont un livre qui nous emmène avec de très belles images sur les terres du Nord. Oui le premier livre que je partage cette année c'est l'ouvrage de Lucie Malbos qui est maîtresse de conférences à Poitiers, un ouvrage qui s'appelle Les Peuples du Nord donc publié dans cette très belle collection d'histoire ancienne chez Bolin, effectivement toujours aussi richement illustrée avec des magnifiques cartes, des très beaux zooms sur les objets. Et dans ce livre Lucie Malbos revient donc sur toute l'histoire de ces peuples, de ces peuples scandinaves. Alors on pense bien sûr donc tout de suite à l'image du viking, mais l'originalité du livre c'est qu'elle commence en fait avant la période viking proprement dite pour aller jusqu'à la fin de cette période avec la cristallisation des royaumes scandinaves. Et c'est un magnifique ouvrage très riche mais aussi vraiment écrit dans un souci de de vulgarisation, donc accessible à tous et toutes. Oui avec évidemment une grande classe aux données archéologiques puisque comme on sait les les populations scandinaves, le rapport à l'écrit il existe via les runes, mais c'est vrai que les les textes narratifs, poétiques sont plutôt plus tardifs, sont plutôt du Moyen Âge central et du coup les les premiers siècles sont plus compliqués à documenter de cette façon-là. Donc il y a évidemment une grande part aux dimensions archéologiques et aux objets qui en sont issus. Oui tout à fait et du coup c'est c'est aussi très beau en fait, c'est un livre qui est émouvant comme dans ces deux précédents livres d'ailleurs puisque ça alterne en fait des analyses très larges sur voilà la christianisation, les expéditions vikings. Et puis après des focus sur des cas particuliers type l'archéologie, une sépulture d'enfants, une perle, un peigne à à un moment donné nous révèle quelque chose sur les sociétés de l'époque, sur les modes de vie de l'époque. Alors parfois on peut généraliser prudemment sur la santé et les populations à l'époque par exemple, sur les espérances de vie, sur le type de travail et caetera. Et puis parfois on ne peut pas du tout générer à la faveur d'une découverte archéologique et c'est aussi très beau la manière dont Lucimal Boss articule ces différents échelles d'analyse. Alors il y a un autre beau livre qui est dans votre hotte de Noël, beau livre si on peut dire parce que ce n'est pas du tout sa seule dimension, mais c'est vrai que c'est souvent le cas pour les catalogues d'exposition, c'est des livres très intéressants et aussi très beaux à regarder et c'est l'exposition qui s'est tenue à Toulouse sur les cathares. Oui tout à fait, donc le catalogue s'appelle Qatar avec un point d'exclamation Toulouse dans la croisade, donc sous la direction de Laure Barthet et Laurent Masset qui étaient également du coup les commissaires de cette très très belle exposition du musée sincèrement de Toulouse. C'est vraiment un très beau livre et un très gros livre, il doit faire trois ou quatre kilos donc effectivement il remplit bien la hotte du Père Noël. Mais l'exposition était vraiment superbe, très intelligente et le catalogue est très ambitieux. Il cherche vraiment en fait à couvrir à peu près tout ce qu'on sait, tout ce qu'on dit aujourd'hui des cathares sachant donc que c'est une historiographie qui s'est beaucoup renouvelée en fait depuis dix, quinze, vingt ans la faveur de travaux de médiéviste qui ont complètement repensé cette hérésie, ce que ce qu'on en savait, ce qu'on pouvait en savoir. Et là aussi on va retrouver toujours cette articulation en fait qui est assez caractéristique de la médiastique contemporaine entre des sources écrites et de l'archéologie avec des fouilles, alors évidemment dans ce qu'on appelle les châteaux cathares, mais aussi des fouilles dans la ville de Toulouse du du voilà de la fin douzième, début treizième siècle pour savoir un peu à nouveau qu'est-ce que c'était que ces sociétés qui ont été touchées par la croisade contre les albigeois. Avec évidemment en filigrane les les débats historiographiques extraordinairement intenses et intéressants sur la notion même de catharisme et les définitions qu'on peut en donner puisque pour résumer on est passé d'une vision très binaire, il y a des cathares, ils étaient opposés au christianisme officiel à une vision beaucoup plus nuancée où on montre à quel point le christianisme et l'église ont produit la notion même de Qatar. Oui c'est ça, c'est dans la lignée des travaux de Monique Zerner à la fin des années quatre-vingt-dix qui parle d'une invention de l'hérésie. Effectivement, qui montre bien en fait que l'église catholique elle a inventé l'hérésie. Alors inventer ça ne veut pas dire qu'il n'y avait pas des vrais gens qui ont adhéré à à ces foi, ça veut dire qu'en fait la cohérence doctrinale de ces croyances hétérodoxes, elle a été largement inventée par l'église qui se construit en fait en espèce de reflet inversé en imaginant une église cathare. Il y a même certains auteurs catholiques qui vont parler d'un pape cathare pour en fait projeter sur ces populations une cohérence qu'en fait elles n'avaient pas du tout. En fait il n'y avait pas effectivement de clergé alternatifs du Qatar. Et l'une des grandes richesses de l'exposition et donc du catalogue, c'est cette capacité à présenter des vrais débats historiographiques, puisque autant il y a des cas font un peu consensus maintenant notamment donc cette idée d'une invention de l'hérésie. Autant il y a des débats encore notamment sur certains, sur certaines chartes, sur certains textes où en fait on ne sait pas s'ils ont été produits par des clercs catholiques fantasmant l'église catharoxe et donc reflétant dans ces textes leur approche différente de la religion. Et du coup en fait le catalogue ne tranche pas et donne la parole à des historiens et des historiennes des deux camps qui explosent leurs arguments, ce qui permet aussi du coup aux lecteurs et aux lectrices de se faire leur avis. Volumineux catalogue, on va passer à quelque chose qui est beaucoup plus réduit en taille et beaucoup plus ponctuel et localisé que le phénomène cathare et le phénomène de l'hérésie puisque c'est un unique manuscrit médiéval très original, quelques centaines milliers de de vers qui a fait l'objet d'une édition traduction totalement renouvelée par deux collègues et qui présente un intérêt, enfin qui est d'une extrême originalité, c'est les monstres des hommes. C'est un texte fascinant édité et traduit par Maud Perez Simon et Pierre Olivier Dietmartre, publié il y a quelques semaines chez Honoré Champion. Donc Les monstres des hommes évidemment, le titre que les collègues choisissent de donner à ce manuscrit comme la plupart des manuscrits médiévaux, il n'a pas de titre au sens contemporain, peuple cinq, peut-être par un ermite de Saint-Augustin. Dans leur introduction très érudite, les collègues essayent de mener l'enquête un peu pour savoir ce qu'on peut savoir de cet auteur et c'est un texte vraiment assez fou en fait, assez original, d'une part par la forme, c'est une vraie une vraie invention langagière, une inventivité sur les mots, un jeu sur les sonorités en permanence, ce qui d'ailleurs en a fait un un véritable casse-tête à traduire. Et puis c'est surtout sur le fond, parce qu'en fait on retrouve une lecture très féroce, une satire sociale et politique vraiment au vitriol de la société de son époque, sous couvert de présenter les monstres d'orient, ce qui est assez classique à l'époque. On a plein de de récits de voyages et de catalogues de monstres avec les cyclopes, les hommes à tête de chien et caetera. Et en fait sous couvert de parler de cet orient monstrueux, l'auteur parle en fait des défauts des occidentaux et notamment des nobles trop avides de pouvoir, des prélat corrompus par l'argent et caetera. Et du coup en fait ça en fait vraiment une une fable au sens propre du terme, les auteurs la comparent évidemment à des textes postérieurs comme Jean de Léry ou Montaigne, le passage par l'altérité à soi-même quoi, à tout ce qui ne va pas dans le monde de cette époque. Et donc c'est un texte très drôle, très engagé, très original, très agréable à lire puisque évidemment du coup on peut, il est présenté en bilingue, donc on peut lire uniquement la partie en français en français moderne. C'est un texte assez court, les auteurs présentent les enluminures de l'époque et là aussi il y a tout un jeu avec le texte et l'image. Donc en fait c'est aussi un texte très drôle, vraiment plein de cet humour médiéval qui nous échappe parfois mais qui est très féroce. Oui on peut dire que sur la forme c'est vraiment intéressant parce que si parmi les gens qui nous écoutent y en a qui n'ont jamais vu à quoi ressemble un manuscrit médiéval et qui n'ont jamais lu d'anciens français en particulier ça peut être très très sympa de s'offrir ou d'offrir ça pour vraiment avoir côte à côte la traduction en français moderne et puis le texte tel qu'il était dans ce manuscrit et du coup saisir à la fois tous les quarts qui a avec cette société et puis la façon dont on peut la retrouver donc voilà je pense comme comme première entrée dans le monde de l'écrit médiévale ça peut être quelque chose d'assez d'assez stimulant pour terminer ses conseils un ouvrage sur un lieu et sur un état finalement relativement méconnu de l'histoire médiévale, vous nous emmenez en Méditerranée avec Un royaume dans la mer. Le dernier ouvrage effectivement que je souhaite présenter s'intitule Un royaume dans la mer, l'archipel Corsossa du treizième au quinzième siècle. Il est écrit donc par l'historienne-médiéviste Vanina Marquis Vankoe Valert, il est sorti chez Classique Garnier. C'est, c'est un livre plus classique, un vrai livre de médiéviste qui retrace l'histoire de ces deux îles et qui en fait extrêmement intéressant puisque qu'est-ce qu'on sait de l'histoire de la Corse et de la Sardaigne au Moyen-Age En fait rien, on peut aller très vite, voilà même moi historien médiéviste travaillant sur la Méditerranée, l'histoire des îles c'est vraiment des trous noirs, où en fait on sait à peu près rien, on sait vaguement leur rattachement géopolitique, donc on sait à peu près à quel moment la Corse passe de la domination génoise à la domination catalane, ce genre de choses, mais qu'est-ce qui se passe à l'intérieur de l'île Quelles sont les structures sociales des populations qui y vivent Comment est-ce que ces populations elles composent avec les différentes puissances qui essayent de s'approprier les îles Comment est-ce qu'on y vit Comment est-ce qu'on y commerce En fait voilà à part en plongeant dans ce livre, on n'en sait pas grand-chose et donc justement c'est toute l'originalité de de ce livre à partir d'un énorme travail dans les archives corso-sardes qui sont des archives donc énormes, très peu exploitées encore. Ce qui permet aussi de dire qu'il y a encore plein de choses à écrire en histoire médiévale contrairement à l'idée qu'on pourrait avoir que ça y est on a fait le tour, en fait pas du tout. Il y a des dépôts d'archives immenses qui n'attendent que ça. Et du coup là vraiment l'historienne réussit vraiment brillamment en fait à nous montrer toute l'histoire de cette île, à nous montrer la connexion entre ces îles. Elle puise aussi beaucoup dans l'histoire environnementale, on sait que c'est une approche historiographique très à la mode, très porteuse en ce moment et du coup elle se nourrit aussi beaucoup de cette histoire-là pour montrer les continuités entre les îles, mais aussi les discontinuités entre cette Corse très montagneuse et puis au contraire cette Sardaigne très très colinéaire. Mais du coup ce n'est pas la même chose puisque les humains ne s'y adaptent pas de la même manière, ne construisent pas de la même manière. Donc on ne va pas pouvoir conquérir les îles de la même manière pour les grandes thalassocraties médiévales, et caetera. Et du coup effectivement ça permet de retracer cette histoire très originale de ce royaume dans la mer, c'est une expression d'une source qui qui parle de ça, donc on est vraiment au coeur de de ces thalassocraties et ça restitue aussi toute l'agentivité, toute l'agency des populations corso sardes qui se sont pas contentées en fait d'être conquises, mais qui bien sûr ont essayé de leur mieux de négocier, de composer, parfois de se révolter contre ces grands pouvoirs méditerranéens qui utilisaient les îles comme comme point de relais et puis et champs de déco de leur puissance. Absolument passionnant et du coup je rappelle évidemment qu'on peut vous suivre notamment sur x twitter at âge moyen. Je rappelle aussi que pour écouter soit Lucie Malbos parler de son livre les peuples du nord soit mot de père et simon et pierre-Olivier dit marc parler des monstres des hommes vous pouvez retrouver des émissions d'un côté du fil de l'épée avec alex juble en avait reçu lucie malbos et puis deux paroles d'histoire puisqu'on avait consacré une émission à cet ouvrage absolument passionnant voilà merci beaucoup florian pour tous ces beaux conseils, à très bientôt. Merci à vous, bonne lecture et bonne fête. Merci d'avoir écouté l'émission, rendez-vous sur le site parole histoire point f r pour retrouver l'intégralité des épisodes et des séries thématiques. Rendez-vous également une semaine sur deux le vendredi avec Alexandre Jublin sur le fil du collimateur pour le podcast l'histoire de la guerre et des conflits armés, le fil de l'épée. N'hésitez pas à laisser une note ou un commentaire sur le podcast notamment sur iTunes ou Spotify et à bientôt pour un nouvel épisode.